Caméras de L’Est

Depuis la chute du mur de Berlin, nous avons vu arriver de nombreuses caméras 8, 16 et 35mm des pays de l’ancien bloc de l’Est, principalement de Russie.

Certaines d’entre elles sont mal assemblées ou présentent peu d’intérêt, mais d’autres étaient du matériel professionnel, pouvant rivaliser avec nos standards dits « de l’Ouest », voir parfois faire mieux.

Le but de cette page est d’aller au delà des idées reçues ou de l’apparence  assez « Star trek » de ces caméras, et de se focaliser sur les possibilités qu’elles offrent.

Après quelques voyages dans les pays de l’Est, de nombreux modèles achetés et testés, je répare et entretien ces caméras.

La KRASNOGORSK-3 … Elle joue sur le terrain de la Bolex, c’est donc avec elle qu’il est le plus judicieux de la comparer. La Krasnogorsk reçoit des bobines de 30m de film (un peu moins de 3 minutes). Petite caméra reflex à ressort (30 s d’autonomie) avec une cellule électronique couplée. Fabriquée par l’usine Zenith, elle existe en 2 montures : Pentax M42 ou K3 baïonnette (monture propriétaire). Le moteur mécanique est à vitesse variable (de 8 à 48 im/s) ainsi qu’image par image. Elle est en général livrée avec un zoom Meteor 17 à 68 mm qui ouvre à 2. Fabriquée entre 1978 et 1993. Il y eut 2 autres modèles avant elle (Krasnogorsk-1 et 2), mais qui ne nous intéressent guère, car ils ont un système de chargement à cartouche inutilisable de nos jours.

La Krasnogorsk (dite « K3 ») a comme avantages :

– Une visée extraordinairement claire ! C’est d’ailleurs le cas de toutes les caméras russes. Ceux qui n’ont jamais mis l’œil dedans ne peuvent pas l’imaginer. Balayées les Bolex, Eclair et autres Arriflex 16 S ou BL…

– Une cellule électronique couplée à la vitesse, très précise. Elle marche bien. On aura bien entendu besoin d’une cellule à main ou un spotmètre pour des lumières plus complexes. Mais elle fonctionne comme la cellule d’un appareil photo  reflex.

– L’excellente qualités des optiques. Le zoom Meteor de base rivalise avec les bonnes optiques ciné. Il est NETTEMENT MEILLEUR qu’un Angénieux 12-120 ou 17-70 ou 12-240 ou 9,5-95. Nous avons fait de nombreux tests qui le démontrent.

– La fonction image par image est accessible avec un déclencheur d’appareil photo 24X36 de base. Qui plus est, la fixité en mode stop-motion est très bonne.

– Un rapport qualité-prix imbattable : environ 150/200 € sur ebay pour une caméra souvent neuve. C’est là aussi un avantage : une Bolex Rex4 date de 1965, Une Rex1 des années 50, une Eclair Coutant entre 1963 et 1976, une Arriflex 16 st des années 50 et 60. Les caméras sont souvent rinçées ou ont beaucoup tourné. Là, on a une caméra le plus souvent des années 90.

– Petite, légère (pour une caméra de cinéma), très simple d’emploi, fonctionne sans batterie (pas de chargeur à gérer, pas de temps d’allumage, …).

Elle a néanmoins aussi ses inconvénients :

– Qualité variable d’un exemplaire à l’autre, même neuve. La constance n’étant pas le point fort des chaînes de montage soviétiques, il ne faut pas hésiter à en acheter une, l’essayer avec un bout de film puis la revendre et en acheter une autre si la fixité n’est pas bonne par exemple. Si vous en avez une bonne, gardez là !

– le zoom Meteor n’a pas une mise au point très proche (2m, mais en réalité 1,5m). Ce peut être parfaitement résolu en dévissant un peu le zoom de la caméra, ce qui rapproche la mise au point mini. Mais dans le cas d’un travail avec un pointeur, ça ne fonctionne pas.

– 17mm (focale la plus courte du zoom) n’est pas vraiment un grand angle. Ce serait l’équivalent d’un 45mm en photo 24X36. Il faut donc trouver un autre grand angle à monter dessus. Si vous avez un modèle à monture baïonnette, il existe 12,5mm fort correct conçu pour cette caméra. Il se trouve dans les 50€ sur ebay. Ça ne vaut pas le coup de s’en passer. Et en M42, n’importe quelle focale inférieure à 16mm fonctionnera.

Parenthèse : On peut également faire convertir la caméra dans une autre monture (Kinor 16 ou arri ou PL), ce qui permet d’avoir accès à des optiques de très bonne qualité et pratiques à utiliser. Ce que je veux dire par là c’est qu’on peut être enthousiaste à l’idée d’avoir une caméra en monture Pentax M42, car on se dit qu’on peut y adapter n’importe quel objectif photo. C’est vrai. Sauf que le cinéma 16mm n’est pas la photo. Pour avoir un grand angle il faut un 8 ou un 10mm. Comme l’exposition est d’1/60ème de seconde (à 24im/s). On besoin d’optiques qui ouvrent : f:1,4 ou f: 2, surtout si on veut filmer en intérieur. Et les objectifs photo M42 sont toujours inférieurs à une optique de cinéma. Mais si vous ne les payez pas trop cher, elle rendent service.

– Le système de chargement peut paraître fastidieux à un néophyte. Ce problème a été résolu par le fait d’enlever (démonter) les boucleurs. C’est une opération que nous réalisons couramment. Contactez nous si vous avez besoin de le faire, nous vous donnerons tous les trucs et astuces.

– La fixité de l’image n’est parfois pas tout à fait au niveau d’une caméra pro récente (Aaton ou Arri SR). Encore que certaines K3 sont très stables. Mais elle n’est pas moins stable qu’une Bolex ou qu’une Beaulieu ou qu’une Bell & Howell Filmo 70. C’est à dire des caméras de la même gamme et du même type.

– Elle n’a pas de compteur d’image et de fonction de rembobinage du film pour de sur-impressions comme une Bolex ou la Bell & Howell Filmo 70.

En conclusion, c’est une caméra qui ne fait pas tout (pas de son synchrone, elle est bruyante, …), mais ce qu’elle fait, elle le fait très bien pour un prix dérisoire. Elle est petite et légère. On peut l’emmener n’importe où, en voiture, en voyage, sans avoir peur de se la faire voler. On la dégaine facilement pour attraper des événements sur le vif. Un zoom et une visée de cette qualité, c’est inouïe.

La KINOR 16 … Assurément une caméra pro : moteur électronique, possibilité de magasins de 120m (11 minutes), synchro pilot, gamme d’optique professionnelle, grande stabilité d’image, silence de fonctionnement (très relatif).

Elle doit donc se comparer à une Eclair (Coutant ou ACL), une Arriflex 16 BL ou SR, une Aaton LTR ou une Cinema Products CP-16. C’est à dire des caméra auto-silencieuses pour faire du son synchrone.

La Kinor 16 a été fabriquée de 1978 à 1993, puis une évolution du modèle, appelée Ostcam a suivi , de 1994 à 1997. Elle existe soit avec une tourelle à trois objectifs, soit avec une monture unique. Le reste de la caméra est strictement identique.

C’est une caméra qui est faîte pour fonctionner à 25im/s. Elle a des magasins interchangeables qu’on clipse très rapidement. La monture est appelée Kinor 16.

Ses avantages sont :

– Un mécanisme à griffe et contre-griffe, assurant une fixité parfaite, comme dans une Arri SR. De plus elle a un presseur latéral sur la fenêtre, calant parfaitement le film. Il n’y a donc aucun mouvement possible du film, de droite à gauche et de haut en bas. Et ça se voit. Elle est, sur ce point supérieure à une Eclair ou à une Aaton de première génération.

-Une visée extraordinairement lumineuse. Plus encore que la Krasnogorsk. Seules l’Arri SR et l’Aaton XTR ont une clarté de visée équivalente.

Parenthèse : Les russes ont volé les secrets du traitement anti-reflets à l’usine Carl Zeiss d’Oberkochen en Allemagne. Ainsi, tous les système optique à partir de 1978 bénéficient d’un traitement muli-couches exceptionnel. L’enjeu était évidemment les applications militaires (jumelles, lunettes de tir, visées nocturnes, …). Les optiques russes professionnelles étaient donc fabriquées dans les arsenaux militaires.

– Une gamme d’objectifs, focales fixes et zooms exceptionnels. Il y a certes mieux, mais  c’est plus que 10 fois plus cher. Une série d’optiques Lomo va du 6 au 150mm. Ils rivalisent avec les optiques allemandes (Zeiss ou Schneider), anglaises (Cooke) ou françaises (Kinoptik et Angénieux). Deux zooms : un 10-100mm et un 12-120 qui ouvrent à 2,8. D’après nos tests, le 10-100 est équivalent au 10-100mm de Zeiss ou à l’Angénieux 9,5-57mm. Le 12-120 se situe en dessous. Il arrive que certaines optiques achetées sur ebay soit décalées, mais pas plus pas moins que les Zeiss ciné ou Cooke. Dans ce cas là, un collimatage coûte nettement moins cher sur ces optiques.

– La caméra est assez petite et compacte avec un magasin de 30m, guère plus volumineuse qu’une Krasnogorsk. On gagne donc considérablement en poids et en taille par rapport à une Eclair, Arri SR ou Aaton, avec quasiment 3 kg de moins. C’est très utile dans certaines configurations de tournage (randonnée, manifestations, …).

– C’est un bon candidat à la transformation en Super16. Comparée à une Arriflex ou une Eclair ACL, les opérations à effectuer sont assez minimes. Il n’y a pas d’obturateur à changer, ni le système de visée. On doit seulement changer la monture, car pour celle d’origine, les objectifs grands angles Lomo ne couvrent pas le Super16.

Une Ostcam, dernière évolution de la Kinor à partir de 1993. Super16, monture PL, nouvelle électronique synchro HMI 24, 25, 29,97 et 30im/s. La caméra possède un astucieux système de décentrage-recentrage de la monture et du pas de vis de fixation, pour passer du 16 au Super16.

– On peut la démonter, l’entretenir la graisser soi-même assez facilement. Bien sur il y a quelques petites choses pour lesquelles il faut être minutieux, mais elle a été conçu pour ça. Elle est solide, d’un design très astucieux et on peut intervenir dessus. Ce qui n’est pas du tout le cas d’une Arriflex ou d’une Aaton.

Mais elle a aussi des inconvénients :

– Le mot « silencieuse » est un peu exagéré, la Kinor fait tout de même un peu de bruit. Là encore, c’est variable d’une caméra à l’autre, suivant son historique d’entretien. Au mieux, elle fait le bruit d’une Arri SR1 ou d’une Eclair ACL1. Au pire 2 à 3 db de plus. On peut aisément lui mettre un blimp souple. Ça marche très bien.

– Elle est stabilisée à 25 im/s. Pas vraiment quartzée. C’est là un peu le point faible de l’électronique russe. le moteur est excellent, mais il faut lui adjoindre un autre pilotage électronique quartzé et synchro HMI à toutes les vitesses. Olexandr Kalyninchenko en Ukraine fait ça très bien pour un prix très correct. Sinon on peut tourner à l’ancienne, en branchant le magneto sur la prise pilot-tone, la synchro sera parfaite.

– La visée, si lumineuse soit-elle, est orientable, mais pas compensée. Ce qui fait que lorsque le viseur est en l’air, pour filmer au raz du sol par exemple, l’image est pivotée à droite. Petit désagrément auquel on s’habitue. Sur ce point les Arri SR et les Aaton font mieux, pas les Eclairs, exceptée l’ACL2.

– Même si elle est très ramassée, l’ergonomie peut être améliorée. C’est à dire qu’elle a une forme assez cubique avec un magasin de 30m. Pas toujours aisé de la faire rentrer dans des valises Pelican ou flights Samcine standards. Mais pour la randonnée ou l’emporter avec soi, un sac photo fait l’affaire.

En conclusion, c’est là encore un excellent rapport qualité prix, avec une stabilité et une qualité d’image qui n’a rien à envier aux autres caméras beaucoup plus cher. Un corps de caméra basique se trouve autours de 200/300 € sur ebay. Si on ajoute 300 € d’optiques et un upgrade électronique. On a un ensemble de tournage pro à moins de 1000 €. Ensuite c’est facile de corriger ses petits défauts en lui adjoignant par exemple une poignée plus ergonomique, un blimp souple ou un connecteur de batterie XLR4 latéral, comme sur l’Aaton.

La KONVAS 35 … C’est un Cameflex amélioré, auquel elle ressemble. Il s’agit d’une caméra 35 bruyante, qui serait la concurrente d’une Arri 2C dernière génération ou 3C, ou d’un Cameflex upgradé. Les derniers modèles de Konvas étaient à contre-griffe, Ils se comparent donc plutôt à une Arri III ou à une Mitchell S35R.

La caméra est assez légère (6 à 7 kg en ordre de marche) et peut même être réduite à 5 kg, suivant le type de magasin, de moteur et d’optique installés. Il existe 2 modèles : un avec une tourelle à trois objectifs appelé 1M et l’autre avec une seule monture, la 2M. Cette 2M est apparue plus tard, mais elles ont continué d’être fabriquées en même temps jusqu’au début des années 90.

La Konvas 1M a une monture appelée OCT-18 (ou OST-18 en russe) qui ressemblerait à une monture Arri standard, mais incompatible. La 2M a une monture OCT-19, qui ressemble à s’y méprendre à une monture Mitchell BNC, allant jusqu’à avoir la même cote de tirage. Mais là aussi, on ne peut monter une optique Mitchell dessus. Exceptées ces différentes montures, les 2 caméras sont identiques mécaniquement.

Il a existé une première version de Konvas dans les années 60, qui ne nous intéresse guère car elle a une attache de moteur et un système de magasins incompatibles. Nous nous détaillerons donc à la deuxième série apparue au milieu des années 70.

Deux moteurs ont équipé majoritairement les Konvas : le 15EPSS, vitesses variables mais non quartzé (8 à 32 im/s) en 8V et le 16EP-17APK, et ses variantes, quartzé (8 à 32 im/s) en 12V.

La caméra peut recevoir des magasins de 60 ou 122m, équipés d’un presseur dorsal, qui se clipsent. La visée est reflex et l’obturateur est de 150°.

Les avantages sont les suivants :

– Une visée très claire (au risque de me répéter !) nettement plus que ses concurrentes. C’est un énorme avantage pour cadrer.

– Robustesse, solidité, stabilité et facilité d’entretien. La conception même de la caméra exclue toutes sortes de fioritures qui pourraient tomber en panne. Le mécanisme est précis et solide. On peut l’entretenir soi-même aisément.

– La qualité inouïe des optiques russes Lomo. Une gamme de focales fixes du 10 au 500mm et 3 zooms : un 20-120 mmm (rien à voir avec l’Angénieux) un 25-250mm et un 20-80mm. Les focales fixes se comparent sans problème avec des Zeiss ciné standard T2,1. La seule différence étant l’ouverture parfois variable, T2,3 ou T2,8. Il existe une série grande ouverture T1.6, plus cher à l’achat et équivalente aux Zeiss Superspeed pour 35. Ces optiques rapides T1.6 sont identiques aux Optar Elite 35, puisque ce sont les mêmes designs et la même usine qui les fabrique.

– Petite légère et compacte au besoin. Équipée d’un magasin de 60m et d’un focale fixe, la caméra est minuscule pour une 35. Pour les cas de tournages discrets et légers ou filmer en voyage, c’est idéal.

– Le cardan de connexion du moteur est en 1:1. C’est à dire un tour de cardan égale un tour d’obturateur. Donc grande facilité d’adapter n’importe quel moteur d’animation ou de time-lapse (Tobin ou autre).

– La visée se démonte et on peut très facilement adapter un retour vidéo pour des plans au steadycam.

– Le prix. On trouvera aisément ensemble complet pour 1000/1500 € suivant les options. Ce n’est même pas le prix d’un corps nu sans optiques d’une Arri 2C.

– L’entretien. On peut faire soi même la plupart des opérations d’entretien (démontage, graissage, calage, …). Même si on a besoin d’un révision plus complète, un spécialiste comme Olexandr Kalynynchenko en Ukraine ne prendra pas plus de quelques centaine d’euros pour une caméra remise à neuf. C’est souvent le triple sur une Arri ou un Cameflex.

Il faut bien qu’elle ait des inconvénients :

– Ca fait un bruit de machine à coudre (40 à 44db), mais nettement moins qu’un Cameflex. A peu près une Arri 2C.

– 32 im/s n’est pas vraiment un ralenti. Les modèles à simple griffe ne montent pas plus haut en vitesse. Les modèles appelés Ostcam, à contre-griffe, peuvent aller à 50im/s et plus.

– Ce moteur-poignée n’est pas une merveille d’ergonomie. S’il est pratique pour tenir la caméra à 2 mains, en revanche c’est pénible pour ranger la caméra dans une valise ou un flight-case. Et dans le cas où l’on monte la caméra sur une semelle d’épaule, avec poignées (rig), le moteur n’est pas très bien placé.

– Les optiques à focale fixe Lomo ont presque toutes un front différent ! Exceptés le 50 et le 75mm qui sont identiques, les autres ont toutes un diamètre de filtre et de montage sur une mattebox qui n ‘ont rien à voir entre eux. Ça peut s’harmoniser, mais il faut souvent faire une adaptation maison.

– Ça n’est pas une caméra d’animation. Si elle marche très bien en prises de vue time-lapse, comme toutes les caméras reflex à miroir incliné, lors de longs intervalles entre 2 image, de la lumière rentre par l’objectif. Il existe des caméras 35 russes de surveillance et des copies de Mitchell BNC soviétiques qui feront d’excellentes caméras d’animation en 35.

– La caméra, qu’elle soit 1M ou 2M n’est pas un candidat idéal pour un changement de monture. Encore que les optiques russes soient le meilleur rapport qualité prix . Mais si quelqu’un possède déjà une autre série d’optique qu’il veut adapter, le changement de monture s’impose. C’est tout à fait réalisable, mais plus compliqué que sur d’autres caméras. Ceci dit, la monture PL, qui est la plus standard, ne pose pas de problème particulier pour s’adapter sur le modèle 2M. La monture Mitchell BNC se pose également facilement.

En conclusion, comme sa consœur 16mm, la Konvas 35 représente une excellente opportunité de posséder sa caméra 35mm, à un prix défiant toute concurrence. Il faudra néanmoins faire attention à l’état de la caméra, le réviser et l’upgrader si nécessaire. Le bruit n’est pas forcément un problème, il existe différentes techniques pour y pallier : du blimp à la post-synchro en passant par le système Vocalign ou un bon denoiser. Ça reste des caméras pour ceux qui savent s’adapter aux défauts, bricoler ou qui savent déjà un peu filmer en cinéma. Les optiques sont excellentes, et, dans bien des cas, personne ne saura que vous avez filmé avec une caméra à 1500€. Et, détail important, on est autonome avec un système comme celui-ci. Le reste est entre vos main !

CHOSES IMPORTANTES à PROPOS des CAMERAS RUSSES

Les 2 premiers chiffres du numéro de série indiquent l’année de fabrication. Très utile pour séparer le bon grain de l’ivraie.

Concernant les optiques, le traitement anti-reflets soviétique si performant a été généralisé à partir de 1978. Le N° de série est soit sur la bague extérieure du diaphragme, soit autour de la lentille frontale. N’oubliez pas non plus que Tchernobyl est passé par là. Évitez donc d’acheter du matériel avec un N° de série inférieur 87XXXXX, spécialement en Ukraine, en Bielorussie à Minsk ou en Russie dans la région de Briansk. Ce sont les 3 zones contaminées.

De manière générale la vie est très difficile pour les gens dans ces pays. Il y a donc une frénésie de vendre tout et n’importe quoi sur Internet. C’est devenu un sport national. Beaucoup de vendeurs mentent éhontément sur l’état du matériel, parfois n’en ont tout simplement aucune idée ou répondent ce que vous voulez entendre.

Les objectifs de cinéma russe ont une appellation qui commence par OKC- puis la focale, suivie de la série de fabrication (ex : 0KC-35-2 pour un 35mm qui est la deuxième série produite ). Les optiques ayant un nom commençant par PO sont à éviter, à moins que vous ne cherchiez un look retro années 30/40. Ce sont des objectifs plus anciens et moins performants.

Si vous achetez sur ebay, il est impératif de poser des questions précises sur l’état de fonctionnement et cosmétique du matériel. Par exemple si la caméra a été testée, si toutes bagues des optiques tournent de manière fluide, etc …

Toutefois, certaines personnes sont des revendeurs professionnels et sérieux, et sont même parfois sur ebay. C’est le cas de Rafael Pankratau qui gère le site rafcamera ou Olexandr Kalynynchenko qui répare, entretient et upgrade les caméras.

Quelques vendeurs sur ebay classés en trois genres :

Pros et sérieux : Rafcamera, spbsales, biggerby2002, Sp314, sovjak…

Magasins de photo, pas toujours sérieux, mais correctes : Grizzly33bear, Moscowphoto, Kubanoid, russian_market, …

Douteux (pour employer un euphémisme !) : Vladimir7937, Moscowphoto parfois…

Attention :

– Lorsqu’elles arrivent de Russie, les caméras Konvas 35 et Kinor 16 ont souvent (2 fois sur 3) des problèmes de mécanisme dur, grippé ou bloqué. C’est la plupart du temps de la vielle graisse qui, n’ayant pas été changée à temps, a chauffé et colle. Il faut dans ce cas entièrement nettoyer, dégraisser et relubrifier le mécanisme. Ça n’est pas compliqué en soi, mais il y a 2 ou 3 détails spécifiques à connaître. ATTENTION : ne pas tremper le mécanisme dans l’acétone ! Vous détruiriez certains engrenages-fusibles en plastique ou en ertalon. Et le choix de la graisse est très important, sinon la caméra se bloque en très peu de temps. Nous contacter à ce sujet.

– La cellule électronique de la Krasnogorsk-3 fonctionne avec une pile pas toujours facile à trouver, comme les anciens Pentax. De nombreux vendeurs, aux Etats-Unis ou sur Ebay, offrent un petit adaptateur pour quelques dollars, qui permet d’utiliser une pile LR44 standard.

– Les magasins de Konvas 35 argentés sont souvent incompatibles avec les modèle 1M et 2M récents. Les premières Konvas avaient un système de fermoir sur le haut. Les nouvelles sur le côté (dit « side latch »).

– Les magasins de Kinor 16 peuvent être de 2 types : avec un cardan mâle ou femelle. Si vous avez une caméra mâle, il vous faudra des magasins femelles. Et vice versa. C’est une question à poser au vendeur afin d’éviter des déconvenues.

– Contrairement à ce que prétendent certains vendeurs, il n’y a pas de magasins de Kinor argentés. Ce sont des magasins de SP16, une autre caméra russe des années 60, incompatibles avec la Kinor. Par contre les magasins d’Ostcam sont gris et compatibles avec les Kinors. Là encore, ils sont mâles ou femelles.

– La plupart des moteurs de caméras russes n’ont pas de protection contre l’inversion de polarité. Lorsque vous soudez un câble ou une batterie, faîtes très attention à ne pas inverser le plus et le moins.

– Les Kinors et les Konvas ont un type de fusible spécifique, introuvable chez nous. Il est possible d’en commander auprès de Rafael Pankratau ou de changer le porte fusible de votre caméra par un standard d’ici.

– Il est important de savoir identifier les différentes montures soviétiques, car de nombreux vendeurs ne savent pas les différencier ou noient le poisson. La plupart des montures sont incompatibles entre-elles, pour des raisons de design intérieur de caméra. De nombreuses optiques prétendument vendues pour Kinor 16 sont en réalité pour SP16. Idem pour les Krasnogorsk à baïonnette, l’arrière de l’objectif ressemble à s’y méprendre à une optique SP16. Les vendeurs le savent et en jouent … Par contre un 10mm pour SP16 se monte effectivement sur une Krasnogorsk à monture baïonnette, et c’est le seul.

Une optique en monture Kinor 16. On la reconnaît à ses quatres hélicoïdes, son tube et son ergot détrompeur. La cote de tirage est de 52,00mm (+ ou – 0,02mm), identique à la monture PL.

Un zoom Meteor en monture K3 baïonnette. On reconnaît bien la monture à ses 2 ergots latéraux. La monture SP16 ressemble à s’y méprendre, mais les ergots ne font pas tout à fait la même taille.

Une optique pour Konvas 35 en monture OCT-19. Là aussi la cote de tirage est de 61,00mm (+ ou – 0,02mm), identique à la monture Mitchell BNC, mais incompatible. On la reconnaît grâce à ses quatres hélicoïdes, à son large diamètre, nettement supérieur à une monture PL. Un petit détrompeur se trouve sur la monture de la caméra, d’où la petite fente sur une des hélicoïdes.

N’hésitez pas à nous contacter pour d’autres infos ou détails pratiques : flo@bioskoplab.com

RESSOURCES CAMERAS RUSSES (les liens sont cliquables)

Konvas.org … Excellent site et forum en anglais sur toutes les caméras et optiques russes.

Olexandr Kalynychenko … Opérateur ukrainien, grand connaisseur du matériel soviétique. Il offre de nombreux upgrades électroniques ou options. Il répare et entretient également le matériel et les optiques (collimatage).

Bernie O’doherty … Dans son atelier Super16 inc, près de New York, Bernie répare et entretient à peu près toute ce qui existe au monde comme matériel cinéma professionnel, caméras et optiques russes comprises.

NCS Products … Vendent et upgradent les Krasnogorsk-3. Ils ont créé un petit système de prise de vue time-lapse très bien pensé. Bonnes ressources pour différentes caméras.

L’innommable

Film labs

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l’abominable

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Gran Lux

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